Trouver des mots chez son voisin

Le français et l’anglais sont des emprunteurs de mots fameux. Il y aurait en français 13% de mots adoptés d’une autre langue, dont 25% venus d’Outre-Manche*. C’est un peu plus de 1000 mots anglais que nous avons adopté.

Mais je veux m’intéresser aujourd’hui aux pays qui ont plusieurs langues parlées officielles sur leur territoire. Ces pays naviguent d’une langue à l’autre selon les régions, le Canada passe d’ouest en est de l’anglais au français, la Suisse passe d’ouest en est du français à l’allemand avec une pointe sud italienne.

Pour les locuteurs de France, le français québécois ou suisse est plein de surprises et de trouvailles venues de leur voisin de région. “C’est égal” fera un Suisse avec un haussement d’épaule, rappelant fortement le “Das ist egal” qu’emploierait un Suisse allemand. “ça joue” remplacera l’hexagonal “ça roule”, “ça marche” (selon la vitesse désirée). “Ou bien” correspond au “eh” canadien ou au “huh” américain, et donne une tournure interrogative à une simple affirmation : “on y va ou bien ?”. On attend de l’autre un acquiescement. Mis à part ces expressions, le Suisse francophone a aussi emprunté directement des mots du Suisse allemand. En voici quelques exemples : 

  • un étudiant suisse doit s’acquitter de frais d’écolage (Schulgeldern) et non de frais de scolarité,
  • les Suisses participent à des votations (Abstimmung) ou référendum d’initiative populaire, 
  • les Suisses peuvent également prendre part à une disputation (Disputation) ou discussion ou débat public (et non une dispute !). 

Les Québécois face à la déferlante anglophone ferait de la résistance en conservant un français “pure”. Or c’est une vision bien trop restrictive du jeu sur la et les langues que font nos cousins éloignés. Ils créent plein de mots et ils traduisent aussi littéralement certaines expressions anglaises ou utilisent directement les mots anglais en les adaptant aux sons du français. Auriez-vous deviné ces différents calques ? 

  • dans une coupe d’heures > a couple of hours > dans 2 heures
  • j’ai pas eu de ses nouvelles à date > up to date > jusqu’à présent 
  • être en amour > to be in love
  • tomber en amour > to fall in love
  • être brûlé > to be burnt out > être en situation d’épuisement professionnel (vive les longues françaises !) 
  • une auto patrouille > a car patrol > une voiture de police

Je m’en arrête là bien qu’il serait aisé de trouver d’autres exemples. Ce genre de petites devinettes permet de reconstituer un raisonnement et de se mettre dans la tête d’autrui. Un bel exercice d’empathie que suscitent les langues. 

*Dictionnaire des mots d’origine étrangères, H. Walter, B. Walter, 2009.

Bonus :

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