En apprenant les langues de nos voisins plus ou moins proches, de l’Espagne à la Russie et à la Turquie, les mots pour désigner les relations avec les membres de la famille sont assez similaires au français. Par contre quand on va un peu plus au sud les relations entre membres de la famille sont différents.
Le swahili parle des oncles paternels comme d’un père aîné (baba mkubwa) ou cadet (baba mdogo) et des tantes maternelles comme d’une mère aînée (mama mkubwa) ou cadette (mama mdogo).
Une camarade de classe congolaise nous expliquait qu’en lingala les oncles paternels étaient les frères ainés ou cadets de papa et les tantes maternelles les soeurs ainées ou cadettes de maman. Les mots cousin et cousine disparaissent au profit de frère et soeur.
La langue nous fait percevoir une société où la famille est élargie au delà de la famille nucléaire. J’ai trouvé un début d’explication dans Aya de Yopougon via le proverbe “Lorsqu’un bébé est dans le ventre il appartient à la mère. Lorsqu’il naît, il appartient à tout le monde.” La mère et l’enfant sont accueillis et soutenus par toute la famille les premiers jours, puis l’enfant est présenté aux voisins. Il grandira dans une communauté où il sera surveillé par les tontons et les tanties quand il joue dans la rue et pourra manger chez les uns et les autres.
On trouve le même processus à l’oeuvre en Inde, où l’on s’adresse aux adultes en disant auntie et uncle, incarnation dans la langue du proverbe “it takes a village to raise a kid” (il faut un village pour élever un enfant).